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Premières rencontres de l’Institut Européen Est-Ouest Les rapatriés russes de Chine : l’itinéraire de l’écrivain Natalija Ilʹina
Les rapatriés russes de Chine : l’itinéraire de l’écrivain Natalija Ilʹina
Véronique JOBERT
Après la seconde guerre mondiale, répondant à l’appel lancé par Staline aux émigrés blancs et à leurs descendants, de nombreux Russes émigrés à Kharbine et à Shanghaï regagnèrent leur pays d’origine. Beaucoup d’entre eux furent presque immédiatement arrêtés, expédiés dans des camps de Sibérie, dont certains ne revinrent jamais. D’autres, plus chanceux, parvinrent à refaire leur vie en Union soviétique, parfois même à y acquérir une notoriété certaine. Ce fut le cas, notamment, de Oleg Lundstrem, célèbre musicien de jazz, Aleksandr Vertinskij, poète et chanteur, ou encore de l’écrivain Natalija Ilʹina. Natalija Iosifovna Ilʹina (19 mai 1914 - 19 janvier 1994), dont ses amis moscovites commémorent le 90e anniversaire cette année, regagna l’URSS à la fin de l’année 1947. Un recueil de souvenirs en son honneur a été publié à Moscou en mai 2004[1]. Les souvenirs de ses plus vieux amis de l’émigration, comme la poétesse Larisa Andersen, le musicien et chef d’orchestre Oleg Lundstrem, l’écrivain Valerij Jankovskij, qui figurent dans cet ouvrage, nous permettent de mieux apprécier les raisons profondes qui ont poussé tous ces « rapatriés » à s’installer en Union soviétique. Les souvenirs de Natalija Ilʹina elle-même, rédigés en 1957, c’est-à-dire dix ans exactement après son retour, sont restés inédits dans leur première version. Elle les a utilisés dans un dernier récit autobiographique, publié après sa mort[2] à Moscou. Nous les avons réédités dans ce recueil de souvenirs, car ils livrent quelques clefs précieuses pour mieux comprendre les motivations et les réactions des différents rapatriés, lorsqu’ils posèrent pour la première fois le pied sur le sol soviétique. Les débuts littéraires de Natalija Il ?ina dans la presse de Shanghaï, notamment dans les journaux de langue russe, tels que S Notre propos est donc d’analyser, dans la mesure du possible, à la lumière de nouveaux textes parus en Russie post-soviétique, de documents d’archives privées, des premières publications de Natalija Ilʹina en Chine, le parcours de cet écrivain au destin peu banal.
Véronique Jobert Véronique Jobert, agrégée de russe, est professeur à l’UFR d’études slaves de l’université Paris IV-Sorbonne où elle dirige le séminaire de DEA : « Mutations en Russie post-soviétique ». Elle enseigne la langue et la civilisation russes et dirige l’enseignement du russe à l’UFR de LEA (Langues, entreprises et affaires), notamment au niveau du DESS « Commerce international ». Elle est membre du Centre de recherches sur les littératures et les civilisations slaves (EA 1490, université Paris IV-Sorbonne) ainsi que du Centre de recherches « Monde slave et interculturalité » (CRIMS, université Toulouse II-Le Mirail). Dernières publications :
I tolʹko pamjatʹ obo vsem ob ètom... Natalija Ilʹina v vospominanijax druzej, V. Z « Prodolz « Olʹga Aleksandrovna Tolstaja - Voejkova : Iz Ulʹjanovska v Manʹc « Des nids de gentilshommes à la patrie d’Ilʹic
[1] I tolʹko pamjatʹ obo vsem ob ètom, Moscou, Jazyki slavjanskoj kulʹtury, Moscou, 2004. [2] « Tihij okean », Voprosy literatury, Moscou, 1, 1994. [3] V. Serebrjakov, Polz |
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