Premières rencontres de l’Institut Européen Est-Ouest

La science intégrale eurasiste : origines intellectuelles et idéologiques

 

 

La science intégrale eurasiste :
origines intellectuelles et idéologiques

 

Patrick SÉRIOT
Université de Lausanne, CRECLECO

 

Le mouvement eurasiste fut, de toutes les tendances de l’émigration russe de l’entre-deux-guerres, le plus orienté vers une conception explicitement scientifique du monde, revendiquant une très forte rupture épistémologique avec le monde scientifique antérieur. Pourtant, il ne suffit pas de revendiquer une rupture pour l’accomplir. La science eurasiste présente une association étonnante de scientisme et de platonisme. C’est une utopie géographiste, poussant à l’extrême le déterminisme de la géopolitique allemande, de Carl Ritter à Friedrich Ratzel.

La science eurasiste, en faisant coïncider géographie et géométrie, en faisant recouvrir la sociologie par une ethnographie, est à la fois émanation de l’esprit de son temps (le holisme) et de l’esprit du lieu (le discours sur la primauté de l’espace sur le temps chez les slavophiles du XIXe siècle).

On prendra comme corpus d’étude l’œuvre du géographe structuraliste P. N. Savickij, dans ses rapports à la linguistique.

 



Patrick Sériot est professeur de linguistique slave à l’université de Lausanne (faculté des Lettres).

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Dernières publications :

- Structure et totalité. Les origines intellectuelles du structuralisme en Europe centrale et orientale, Paris, PUF, 1999.

« L’affaire du petit drame : filiation franco-russe ou communauté de pensée ? (Tesnière et Dmitriveskij) », Slavica Occitania, n°17, 2004, « Entre Russie et Europe : itinéraires croisés des linguistes et des idées linguistiques », Toulouse II-Le Mirail, p. 93-118.

« La pensée nomogénétique en Russie dans l’entre-deux-guerres : l’histoire d’un contre-programme », in Le discours sur la langue en URSS à l’époque stalinienne (épistémologie, philosophie, idéologie), P. Sériot (éd.), Cahiers de l’ILSL, n°14, 2003, p. 183-192.